La philosophie du projet

    Dans les années 1740, Stephan Krachéninnikov, membre de l’expédition de l’Académie des Sciences et collaborateur de Vitus Béring, a parcouru la péninsule du Kamtchatka, utilisant tous les moyens de déplacement traditionnels. Il a ainsi effectué la descente, en canot, du plus important cours d’eau du pays : la rivière Kamtchatka. Plus de deux siècles et demi plus tard, nous avons décidé de nous lancer dans le sillage de cette aventure fluviale. La philosophie de ce projet est avant tout d’ordre culturel et artistique.

    Culturel d’abord, parce que nous renouons avec le temps des premières explorations et allons découvrir ce que Krachéninnikov décrivit dans son journal de bord. Nous souhaitons, pour un temps, partager cette culture, ces mœurs d’exploration, de découverte avec toute l’humilité et le respect que nous devons à la nature. En tant que nouveaux explorateurs et observateurs, l’idée est d’effectuer un inventaire faunistique et floristique des milieux traversés, d’étudier le paysage afin de pouvoir réaliser une étude comparative de nos données avec celles de Krachéninnikov.

    Culturel aussi, parce que notre but est d’aller à la rencontre des peuples pêcheurs et éleveurs de rennes, qui bordent la rivière : devenir nomade parmi les nomades et apprendre à leurs côtés l’approche intime de la nature. Nous souhaitons parcourir ce chemin initiatique pour prendre le temps de regarder, écouter, sentir, entendre, goûter… ce que Mr Nicolas HULOT nomme : << La partie visible du jardin de Dieu >>.

    Culturel et artistique enfin, parce que rien n’est plus important que le partage. Si l’expérience en canoë au Kamtchatka constitue les fondations de notre projet, toute l’architecture se finalisera autour de l’échange avec le grand public. La descente de la rivière nous donnera maintes opportunités de rapporter des images photos et vidéos de qualité, réalisées par des membres du projet, soucieux de se perfectionner en photo et vidéo animalières et naturalistes. Ces supports contribueront à faire connaître ce pays, sa culture, ses habitants, sa biodiversité… Le Kamtchatka fait parti de ces rares terres où on a la chance d’observer une nature dont l’homme n’a pas encore bouleversé le fonctionnement écologique naturel. C’est pourquoi, nous nous devons de la protéger ; or la protection passe d’abord par la connaissance.   

    Ainsi la finalité de ce projet est d’offrir des images et des mots pour permettre au public de

« toucher du bout des yeux » cette nature exceptionnelle…

Et savez-vous que dans le dictionnaire russe « toucher » signifie « prendre conscience » ?